Sur les routes du Queensland, de Townsville à Toowoomba

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Après notre traversée motorisée de l'outback, nous voilà à Townsville d'où nous allons enfourcher à nouveau notre tandem vers le Sud. Autant dire que les premiers kilomètres n'ont pas été faciles ! Les jambes sont lourdes, les fesses douloureuses, les genoux craquent... Il faut dire que cela fait près de 10 jours que nous n'avons pas pédalé ! Cela ne nous était pas arrivé depuis l'épisode du passeport perdu de Monsieur au Cambodge, il y a près de 6 mois !
Et la météo ne nous a pas aidés ! Pendant nos premiers 15 jours sur les routes australiennes nous avons été malmenés. Des trombes d'eau se sont abbattues sur nous. Nous avons passé quelques mauvaises journées, à vivre une course la montre contre le niveau de l'eau qui montait inexorablement dans les rivières que l'on traversait. A peine sorti des pires inondations depuis plusieurs décennies, le Queensland semble vouloir remettre ça !
Finalement, nous avons réussi à éviter les débordements, même si nous apprendrons un soir que la route que l'on venait de prendre était désormais fermée pour cause d'inondation.
Les moussons asiatiques nous ont paru bien dérisoires face à ces longues journées passées complètement trempés... Plaisir tout relatif de monter la tente après avoir passé la journée sous la pluie, en sachant très bien que quand nous allons nous réveiller, nos affaires n'auront pas séché et qu'il faudra les remettre sur le dos ! Et quand momentanément la pluie se calmait, c'était un terrible vent de face qui prenait le relais. Quel combat inégal ! A part baisser la tête et appuyer plus fort sur les pédales, pas grand chose à faire... Beaucoup de gens rencontrés nous diront d'ailleurs que nous n'avons pas choisi le bon sens pour voyager en Australie. Le vent semble toujours souffler du Sud vers le Nord... C'est pourquoi la plupart des retraités australiens qui se lancent frénétiquement sur les routes de leur pays au volant de leur camping car suivent savamment le sens des aiguilles d'une montre, pour économiser quelques centaines de litres d'essence !
C'est bizarrement une fois le Tropique du Capricorne passé que la météo s'est arrangée. Les journées pluvieuses ont laissé la place à un soleil brûlant ! C'est donc ça le soleil australien... Nos peaux en prennent un coup, en même temps que notre consommation journalière de crème solaire ! Nous comprenons aisément pourquoi tant d'Australiens sont atteints d'un cancer de la peau...

Il y a plus de 6 mois, nous passions le Tropique du Cancer dans le Nord du Vietnam...
Voilà maintenant le Tropique du Capricorne, signe d'un retour en climat tempéré !

Nous découvrons très vite la dimension du pays : impressionnante ! Les distances sont telles que les bornes kilométriques sont disposées tous les 10 km ! Et que d'espace partout ! Le pays est vide ! 20 millions d'habitants dispersés sur une surface pouvant contenir l'Europe toute entière, forcément, ça laisse de la place ! Les villes sont parfois espacées de plus 150 km, ce qui nous oblige à nous charger en eau et en provisions. Nous n'avions pas connu cela depuis la Mongolie !
Nous partageons la route avec des monstres bien bien plus gros que nous ! Nous nous sentons si petits lorsqu'un camion lancé à plus de 100 km/h nous double, nous entrainant dans ses turbulences et nous emportant parfois dans le bas-côté. Le capitaine vit des moments stressants, l'oeil rivé au rétroviseur, les mains accrochées au guidon, pendant que la stockerine pédale le plus fort possible pour garder une vitesse raisonnable...

Prêts pour la douche ?!?

Les paysages que nous traversons sont à la hauteur des distances : des étendues sauvages à perte de vue partagent l'horizon avec des champs gigantesques de cannes à sucre. Herbes hautes, eucalyptus, une sorte de savane où paissent les vaches des fermes locales. Les exploitations agricoles sont impressionnantes. Nous n'en voyons souvent que la maison du propriétaire et ces champs impressionnants. Nous entendons parfois leurs petits avions nous passer au-dessus du casque. C'est pour eux le moyen le plus simple de faire l'inventaire de leurs troupeaux !

Entrée de ferme

A voir le nombre impressionnant de bovins, nous comprenons mieux comment les Australiens arrivent à manger autant de viande ! Ici le barbecue est religion et s'invite à presque tous les repas. C'est souvent avec un oeil amusé que les locaux nous regardent cuire nos quatre saucisses quand ils débarquent avec une glacière pleine de steaks, de côtes de porcs ou de pilons de poulets !

Les regards sur nous sont bien différents ici que ceux que nous connaissions en Asie. Pour la plupart, c'est de l'indifférence que nous pouvons lire. Quelques interrogations et surprises parfois et aussi de temps en temps, de l'antipathie prononcée, des regards méprisants ou encore cette propriétaire de café qui ne nous a pas autorisé à nous installer à l'intérieur de son établissement parce que nous étions trop mouillés. Nous nous sommes parfois sentis bien misérables, tellement hors normes dans cette immense Australie... La différence n'est pas toujours évidente à porter dans nos sociétés occidentalisées...
Heureusement nous avons rencontré également des personnes incroyables : celles qui s'arrêtent pour nous offrir de l'eau, celles qui nous accueillent chez elles tels des amis de longue date, celles qui nous proposent de nous prendre en stop parce que la pluie est forte ou encore celles qui nous offrent un simple sourire d'encouragement quand la route est trop longue.

Bivouac improvisé sous le préau d'une école, pour échapper à une énième averse...

Malgré tout, nous comprenons rapidement que c'est un autre voyage que nous avons entamé depuis que nous avons posé les pneus sur le territoire australien. L'aventure humaine et culturelle fait place à l'aventure naturelle. Moins émotionnelle, moins troublante, moins dérangeante, une toute autre aventure ! Il nous a fallu un peu de temps pour l'accepter, mais nous y sommes arrivés et désormais nous nous extasions devant cette nature incroyable que l'Australie a à proposer.

Ibis en promenade

On nous avait prévenus...

On les a vus !!

Sur la plage de Mon Repos, près de Bundaberg, nous avons également assisté à un rendez-vous de la nature des plus poétiques. Par une belle nuit du mois de mars, 86 petites tortues ont décidé de se lancer dans la vie devant nos yeux ébahis. Après être courageusement sorties de leurs oeufs enfoncés à plus d'un mètre de profondeur, les voilà lancées sur le sable fin, attirées par les reflets de la lune sur l'Océan. Pas de mouettes ou de crabes tueurs ce jour-là, elles rejoindront toutes les eaux chaudes du Pacifique, chacune à leur rythme... Pour elles, 1 chance sur 1000 qu'elles atteignent l'âge adulte et la maturité sexuelle qui les fera revenir 30 ans plus tard sur cette même plage, guidées par le magnétisme du globe terrestre, pour donner à leur tour la vie !

Chauve-souris rencontrées à Rockampton, à moins de 10 mètres de la route principale !

Nous découvrons également à quel point la nature australienne pourtant si belle peut être hostile pour l'homme : Vous ne devriez pas vous arrêter près de ce ruisseau, il est infesté de crocodiles... Allez au petit coin dans le bush ? Oui, pas de problèmes, mais faites attention aux serpents quand même, nous en avons un bon nombre mortels... Vous voulez vous baignez dans l'Océan ? OK, attendez juste la fin de l'été, c'est la période des méduses tueuses en ce moment... Nous n'avions jamais eu conscience que l'homme pouvait parfois ne pas être adapté à son environnement. En voilà un bel exemple !

C'est l'heure du pique-nique !

Montée à Bunya Mountains, interdite aux caravanes et aux camions, et pour cause...
nous monterons un douloureux 20% !!

A mesure que nous descendons vers le Sud, les villes se chargent un peu d'histoire. Nous approchons des premiers sites où les anciens convicts britanniques sont venus s'établir à partir du XVIIIème siècle. C'est avec amusement que nous découvrons ces monuments historiques datant de 1850. L'échelle de temps n'a rien à voir avec celle à laquelle nous sommes habitués en Europe !
Le poids de l'histoire et les influences diverses se retrouvent ça et là :
- Près de Stanthorpe, les villages s'appellent Amiens, Posonnieux ou Bretonneux. C'est en effet ici que le gouvernement a offert à chaque vétéran de la Première Guerre Mondiale un lopin de terre à son retour d'Europe. Les esprits marqués, ils les ont baptisés...
- Un peu plus au Sud, en Nouvelle-Angleterre, c'est l'Ecosse qui s'invite ! Les Glen sont partout, les vaches sont remplacées par les moutons, chaque village et famille dispose de son propre tartan ! Troublés par le manque de mégalithes sur leur nouvelle terre, les pionniers en ont même érigés eux-mêmes ! Une copie de Stonehenge (qui porte d'ailleurs le même nom !) peut donc être visitée !

Paysage de Nouvelle-Angleterre

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